Le principal de l’Info en Face avec Bouchra Belhait & Rachid Hallaoui autour de la Transformation et la Conduite du Changement
Bouchra Belhait, experte transformation et conduite du changement.
Nous sommes en train d’expérimenter des démarches de transformation agiles adaptées aux petites structures
Bouchra Belhait
Le Matin : La conduite du changement est la solution recommandée aux entreprises pour bien se transformer. Ce processus est-il plausible quelle que soit la taille de l’entreprise ou plutôt c’est l’apanage des grands groupes ?
Bouchra Belhait : La transformation est aujourd’hui une question de survie. D’ailleurs, toutes les entreprises sont en train de mener des actions de changement, notamment en reprenant leurs process et leurs business plans et en intégrant le digital dans leurs activités. Certes, le niveau de transformation diffère d’une entreprise à l’autre, mais de façon générale, le processus est enclenché. Ce qu’il faut savoir, en revanche, c’est que la transformation est un processus à la fois simple et complexe. De par sa définition, se transformer consiste à passer d’une situation à l’autre, ce qui pourrait paraître justement simple. La complexité réside dans le fait que la transformation implique de passer d’un état connu et réputé stable à un état inconnu et donc pas forcément stable. C’est dans ce cadre que la conduite du changement trouve tout son intérêt. Elle permet à l’entreprise justement d’assurer une transformation globale pour assurer sa survie dans un environnement complexe. Pour répondre à votre question, je dirai que toutes les entreprises ont le droit à une transformation structurée avec l’appui des professionnels pour bien assurer la conduite du changement. Le recours aux cabinets de consulting est la solution choisie par plusieurs entreprises, notamment les grands groupes, au prix élevé. Mais il faut savoir qu’il existe aussi des démarches hybrides qu’on peut adapter aux PME et aux startups. Sur ce volet, je tiens à souligner qu’on est en train d’expérimenter des démarches de transformation agiles et adaptées aux petites structures. On gagnerait aussi à s’appuyer sur la technologie pour aller vite surtout lorsqu’on n’a pas les moyens et le staff nécessaires capables de mener la conduite du changement.
Les jeunes basculent de plus en plus vers le statut de l’entrepreneuriat, notamment pour plus d’autonomie. Comment assurer la conduite du changement dans ce cas de figure ?
Il faut composer avec la réalité d’aujourd’hui qui implique que les jeunes sont à la recherche de challenges et de défis, mais aussi et surtout d’équilibre vie personnelle et vie professionnelle. Les managers doivent être suffisamment intelligents pour pouvoir assurer le changement au sein de l’entreprise tout en répondant aux besoins des collaborateurs. La réussite d’un processus de changement au sein de l’entreprise ne dépend pas du statut du collaborateur, mais plutôt de son degré d’implication. Conscients de cette réalité, des chefs d’entreprises ont d’ailleurs réussi le pari d’intégrer le télétravail pour permettre aux collaborateurs plus de flexibilité et d’agilité. Il faut savoir aussi que dans les programmes d’entrepreneuriat, on forme les jeunes et on les accompagne en vue de les aider à se familiariser avec des sujets comme l’intelligence collective, la co-construction, l’agilité et le partage.
Quels sont les ingrédients pour réussir une démarche de transformation globale ?
La transformation est une affaire de direction générale. En d’autres termes, l’engagement du top management est incontournable pour assurer le succès d’une démarche de transformation globale. C’est aussi une histoire de stratégies, de visions et d’objectifs à mettre en place. À ces éléments s’ajoute l’implication des collaborateurs. Sur ce volet, il convient de souligner que des efforts doivent être menés pour que chacun soit impliqué et qu’on parvienne justement à connecter l’intérêt individuel à l’intérêt collectif. Mais force est de reconnaître que malgré tous ces efforts, on peut naturellement assister à des histoires d’échec. Des cabinets spécialisés sont en train de se pencher sur cette question pour justement identifier les raisons de ces échecs. Tout ce que l’on sait pour l’heure c’est que 70 à 80% des transformations échouent dans le monde. Ce taux d’échec est considérable et pourrait s’expliquer par le fait que l’élément humain n’est pas forcément mis au centre du dispositif. Il y a justement un effort de prise de conscience et de sensibilisation à mener dans ce sens, et ce à tous les niveaux hiérarchiques.
Nabila Bakkass – Le Matin
Source : https://lematin.ma/express/2023/agilite-digitalisation-startups/388529.html